Le CV anonyme peine encore à s'imposer en Europe

Publié le par trentenaire

S'il est expérimenté dans bien des pays, ce dispositif ne fait l'objet d'aucune obligation légale.

Plus de trois ans après son lancement en France et alors qu'il fait actuellement l'objet d'un test national - dans sept départements - depuis quelques semaines, le CV anonyme fait-il des émules en Europe ? Le Sénat vient de livrer un état des lieux pour le moins mitigé de l'utilisation de cet instrument censé lutter contre les discriminations à l'embauche.

Un seul bon élève dans l'étude, la Belgique, qui est le seul pays à avoir instauré une obligation d'y recourir, depuis 2005. Mais celle-ci reste limitée au service public. Hormis ce cas isolé, les autres pays se répartissent en deux catégories : ceux qui ont tenté l'expérience, et ceux qui n'ont rien fait. L'Allemagne et l'Espagne entrent dans cette seconde catégorie. Quant à la Suède, elle a mené une expérience entre 2004 et 2006 dans la deuxième ville du pays, Göteborg. Au bout du compte, l'utilisation du CV anonyme n'a pas été jugée suffisamment efficace. En Suisse, la tâche a été déclarée trop complexe par les entreprises. Et aux Pays-Bas, il a été conclu que la décision d'y recourir revenait à l'employeur.

Entre novembre 2008 et mai 2009, la Grande-Bretagne a mis en place un «testing» sur la base de trois CV comparables - l'un avec un patronyme anglais, deux autres avec des patronymes caractéristiques de minorités ethniques. Conclusion : les discriminations sont moins criantes dans le secteur public, où les postulants remplissent des CV standardisés. Ce dernier pourrait être une solution, conclut le rapport.

En France, le commissaire à la Diversité, Yazid Sabeg, cherche à donner une réelle impulsion. «Si elle est concluante, elle pourrait inspirer d'autres entreprises », a indiqué Laurent Wauquiez, secrétaire d'État à l'Emploi. Pas question, donc, de le rendre obligatoire. Si des grands groupes comme Axa, L'Oréal ou Accor l'ont adopté, le procédé est finalement jugé peu efficace pour lutter contre les préjugés. Sachant que beaucoup de recrutements se font par cooptation, il devrait difficilement être la « solution miracle».

Caroline Beyer
Le Figaro 14/12/2009

Publié dans Recrutement

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