Diplômes : ce que la crise change
===================================================================================
23/06/09 Les Echos ]
Pour satisfaire des recruteurs devenus plus exigeants, mieux vaut miser sur le bon diplôme et la bonne formation.
En cette période de crise, le profil idéal du jeune diplômé est un savant mélange de formation théorique de bon niveau et de stages pratiques. « Ceux qui se sont le plus confrontés à la vie active trouveront des débouchés », tranche Laurent Blanchard, directeur exécutif chez Page Personnel.
Dans une économie incertaine, les recruteurs veulent limiter les risques à l'embauche.
Or qu'il soit en BTS, DUT ou partie intégrante d'un master d'une grande école, un cursus en alternance « offre des garanties » au futur employeur.
« Autour de moi, les gens sont plutôt optimistes. Je ne connais personne qui n'ait pas de travail », assure Sarah Mordret, vingt-quatre ans, diplômée de l'ESC Toulouse. Elle vient de se payer le luxe de refuser une offre du groupe Auchan avant la fin de sa formation en alternance. « Le chômage, c'est pour les autres », veut croire celle qui rêve de travailler dans le développement durable.
Péché d'orgueil ? L'avenir le dira ;
mais les bac+2 ou bac+3, titulaires d'un BTS en alternance ou d'une licence professionnelle, pourront par exemple trouver d'intéressants débouchés sur des postes de commerciaux ou dans le secteur bancaire, en particulier la banque de détail. « La finance, c'est terminé. Dauphine vient d'ailleurs de fermer son master spécialisé. En revanche, l'agence bancaire du coin de la rue marche toujours. Et la génération du papy-boom part à la retraite », remarque François Humblot, administrateur de Syntec Recrutement.
A niveau égal de formation, les « niches » technologiques de l'enseignement supérieur sont également valorisées. Ainsi, les BTS et DUT génie électrique, microélectronique ou informatique industrielle sont « quasiment sûrs de trouver un emploi », affirme Laurent Blanchard.
Traditionnellement, élever son niveau d'études augmente son employabilité.
Des secteurs comme l'informatique, l'ingénierie R&D, l'audit-conseil, l'énergie ou la grande distribution sont plus friands que jamais de diplômés de niveau master.
Attention, toutefois, aux poursuites d'études inutiles. « Les recruteurs sont plus exigeants, car ils ont l'impression d'avoir plus de choix.
Il y a un an, n'importe quel bac +4/5 trouvait un bon poste. Aujourd'hui, il vaut mieux sortir de la quinzaine d'écoles de gestion ou d'ingénieurs qui occupent les meilleures places dans les classements », explique Laurent Blanchard.
Même logique pour les MBA. Selon une récente enquête menée par l'EFMD (1) et le GMAC (2) en Europe et en Amérique du Nord, les recruteurs prévoient d'embaucher en moyenne 6 jeunes diplômés de MBA en 2009, contre 12 l'année dernière, essentiellement dans le conseil, l'énergie et la santé.
Le constat est plus sombre pour les diplômés bac +5 des filières finance, marketing, management ou RH.
Ceux-ci devront batailler pour s'insérer sur le marché de l'emploi. Tout comme les diplômés généralistes de l'université. Certes, un titulaire d'un master de gestion à Dauphine continuera d'intéresser un recruteur ; mais il n'en va pas de même des diplômés en sciences humaines. Le mouvement de grève dans les universités n'a pas aidé à améliorer l'image de ces filières, qui avaient pourtant bénéficié d'un regain d'intérêt ces dernières années. « Il est à craindre que leur taux d'emploi chute de 20 à 25 %, comme lors de la dernière crise en 2002-2003 », observe Pierre Lamblin, directeur des études de l'Apec.
L'emploi public et le secteur non marchand constituent donc à nouveau leurs débouchés privilégiés.