Licencié ? Enfin libre pour penser et militer

Publié le par trentenaire

Voici, un titre qui laisse rêveur...qui ne doit pas faire rêver les gens désespérés qui ont besoin, toujours la même chose, de payer leurs factures, car travailler sert aussi à cela...Mais bon un peu d'espoir ne fait jamais de mal...

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issu de "Courrier international"
20.05.2009
 | Barbara Ehrenreich | The Capital Times
Barbara Ehrenreich

 

(Journaliste et essayiste américaine, elle est l’auteure d’une quinzaine d’essais, dont L’Amérique pauvre : comment ne pas survivre en travaillant et On achève bien les cadres : l’envers du rêve américain, publiés en France par Grasset. This Land is Their Land (Ce pays leur appartient), son dernier ouvrage, est sorti aux Etats-Unis en juin 2008.

Un peu partout dans le monde, le chômage de masse fait planer le spectre de mouvements sociaux. Mais pas aux Etats-Unis, où 13 millions de personnes ont accepté de perdre leur emploi quasiment sans broncher. Dans ce pays, le chômage est présenté comme une nouvelle forme de travail. )

"Nulle part cette tendance n’est aussi manifeste que dans le monde des bureaux, où l’on conseille constamment aux licenciés d’envisager leur recherche d’emploi comme un travail à temps plein.
Ainsi que le proclame Harvey Mackay, gourou du développement personnel, “du jour où vous êtes viré, vous avez un nouveau travail. Un travail plus difficile que le précédent. Plus exigeant.”
Car il prend douze à seize heures par jour, dit-il.

Ceux qui se retrouvent sans emploi doivent donc faire comme s’ils en avaient un.
Comment s’étonner qu’ils n’aient plus assez de temps pour militer en faveur d’une couverture santé universelle ou pour lire des tracts marxistes sur l’“armée de réserve des chômeurs” ?
Quant aux ouvriers au chômage, on leur dit qu’ils ne présentent plus aucun intérêt s’ils ne recommencent pas de zéro en se recyclant.
 Mais, dans un pays qui perd plus de un demi-million d’emplois par mois, le recyclage aussi bien que la recherche d’emploi font figure d’exercices totalement surréalistes et vains.
Aussi intelligent, souple, agréable et compétent soit-on, trouver un emploi quand il n’y en a pas reste impossible.

 Il existe quelques alternatives constructives au travail. On peut, par exemple, collaborer aux premières tentatives d’organisation du monde des chômeurs, comme les associations Food and Medicine dans le Maine, Unemployed and Anxiously Employed Workers, dans le comté d’Allen (Indiana) ou le réseau national United­ ­Professionals, au lancement duquel j’ai ­collaboré.
On peut aussi rejoindre l’une des ­organisations qui luttent en faveur de l’instauration d’un système d’assurance-maladie à payeur unique [gouvernemental, à l’exclusion des assureurs privés] ou de la couverture des chômeurs par le régime public d’assurance-maladie.
 Enfin, on peut se joindre à des amis ou à des collègues au chômage pour discuter de la manière dont l’économie pourrait être ­repensée en vue de tirer parti des précieuses compétences des gens, plutôt que se débarrasser périodiquement d’un certain nombre d’entre eux comme de vulgaires déchets.
Mais avant tout, il faut sortir du déni : la ­recherche d’un emploi n’est pas un travail, pas plus que le recyclage n’est la panacée.
Vous êtes peut-être plus pauvre que jamais, mais plus libre aussi. Libre d’exprimer la colère et l’urgence, libre de rêver et de créer, et libre de vous rassembler pour œuvrer à la construction d’un monde meilleur.

Publié dans MONDE DU TRAVAIL

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